Le syndrome de la coquille

Jeudi 18 juillet 2024 à 14:35

Sous mon corps, le canapé gris, légèrement enfoncé par le milieu.
Juste devant, la grande table basse et ses verres mille fois finis, débarrassés, lavés, rangés.
A ma gauche, un petit tabouret et sa colonne de livres non lus, érigée bancale vers les moulures du plafond.
Ca et là, des têtes de morts, un cadre avec une photo du Japon, une pipe à opium des années 30, une boîte à thé, des bougies aux odeurs de cuir, un cendrier-miroir, une boîte en bois et des coupes à saké, une chaussure Louboutin, des fleurs séchées, une carafe dorée, des photos en noir et blanc, une affiche du film "Le voyage de Chihiro", des mangas empilés, un coffret de champagne Perrier-Jouët, une bouteille de gin posée sur un tronc d'arbre...

Je peuple mon quotidien, m'écrase de tous ces objets qui entourent ma peau au loin, remplissent le gouffre qui me sépare des murs.
 Mon appartement est une grotte chaude, aux pierres bien décorées. Je m'y enferme tout le jour, me protège dans cet oeuf fragile. La coquille me coupe du dehors, des bruits et des cris de la ville. Quand je suis ici, rien ne crisse et je me pose, je pleure en-dedans, je souris vraiment. Je me gave d'histoires, me glisse peu à peu dans leurs douleurs. Mes compassions vont vers des mondes imaginaires, des personnages pensés par d'autres ou nés sous mes doigts.
C'est ainsi que je suis capable d'écouter les misères des vrais, ceux des amis et de l'extérieur. Ils me confrontent à la vie que je refuse de mener, que je refuse de créer.

C'est certain et beau, maintenant.

Petit enfant ne deviendra pas grand. 

Pas d'autographes, merci

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