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Mercredi 30 octobre 2024 à 18:24

Embrasser le chaos.

Dans cette existence pas si rangée, je m’acharne à bousculer l'établi. J’ai toujours été pour moi bon despote, capitaine et armée, prêt pour chaque bataille, vaillant, paré.
Dès mes 10 ans, adieu, plaintes et trêves.
Je ne vous aurais jamais aimées.
Et pourtant, comme je m’acharne à renverser mes codes, désobéir à mes ordres, ceux qui me dictent de rester moi quand je voudrais être mieux.
Je me contemple ainsi, dans ma toute gloire, l’œil aguerri : quoi combattre encore ?
Je ne vaincrai pas le monde mais j’y bâtis le mien.
Il me faut changer, toujours, mourir et repartir, avancer ferme et tenir bon. Parce qu’il n’y a que ça qui marche, il n’y a que ça qui crache, dans nos poumons et nos jours vains.
Le temps n’attend personne et je l’utilise à bon escient, à pleines mains.
Quand je me regarde, j’aime ce que je croise, j’aime ce que je toise. Qu’il en soit ainsi, je suis né pour. J’ai subi tant, avec vous ; j’ai subi trop, je subirai de nouveau. Peu importe les traces, j’aime les cicatrices, larges sur ma peau.

Apprendre, aussi, à baisser les armes, cogner moins dur, lâcher des larmes. Depuis trop longtemps dans la bouche, ce goût de guerre, cette soif sanguine. Se souvenir, soudain, de l’humain sous l’armure : soldat émérite, tu n’es pas qu’incendie. Admire donc ce que tu es et sur le point de devenir.

Vivre ! et le crier.

Le voilà, ô cher toi, ton empire.

Huître

Dimanche 4 août 2024 à 0:31

Il aurait été mieux, je crois, que je n'apprenne jamais à parler.

Chez moi, les mots me viennent aux mains, cascadent de ma tête au bout de mes doigts, se collent à la page qui crisse, au papier qui noircit.
Ecrire, je sais, je peux, je dois, j'ai le droit. Mais ouvrir la bouche grand, faire claquer la langue comme on cingle un mal dressé, choisir ce qu'il faut, ce qui va à l'autre si peu moi, guetter les sillons du visage contrarié, outré, en larmes ou en rire, comprendre ses tremblements, chaque émotion, chaque érosion... Je ne comprends pas et je ne ressens rien.

On me le reproche, on me rabroue ; bien fort. Vous savez tant, vous, savez-vous tout ? A bas ces drames, je ne suis pas fait pour. Perdez-moi, gardez-moi, ça ne me change pas. Ah ! vous êtes saints et sans doutes. Ne se pense-t-on jamais moins ou plus que l'humain ? Soyons justes envers nous, à défaut de l'être pour chacun.

Le syndrome de la coquille

Jeudi 18 juillet 2024 à 14:35

Sous mon corps, le canapé gris, légèrement enfoncé par le milieu.
Juste devant, la grande table basse et ses verres mille fois finis, débarrassés, lavés, rangés.
A ma gauche, un petit tabouret et sa colonne de livres non lus, érigée bancale vers les moulures du plafond.
Ca et là, des têtes de morts, un cadre avec une photo du Japon, une pipe à opium des années 30, une boîte à thé, des bougies aux odeurs de cuir, un cendrier-miroir, une boîte en bois et des coupes à saké, une chaussure Louboutin, des fleurs séchées, une carafe dorée, des photos en noir et blanc, une affiche du film "Le voyage de Chihiro", des mangas empilés, un coffret de champagne Perrier-Jouët, une bouteille de gin posée sur un tronc d'arbre...

Je peuple mon quotidien, m'écrase de tous ces objets qui entourent ma peau au loin, remplissent le gouffre qui me sépare des murs.
 Mon appartement est une grotte chaude, aux pierres bien décorées. Je m'y enferme tout le jour, me protège dans cet oeuf fragile. La coquille me coupe du dehors, des bruits et des cris de la ville. Quand je suis ici, rien ne crisse et je me pose, je pleure en-dedans, je souris vraiment. Je me gave d'histoires, me glisse peu à peu dans leurs douleurs. Mes compassions vont vers des mondes imaginaires, des personnages pensés par d'autres ou nés sous mes doigts.
C'est ainsi que je suis capable d'écouter les misères des vrais, ceux des amis et de l'extérieur. Ils me confrontent à la vie que je refuse de mener, que je refuse de créer.

C'est certain et beau, maintenant.

Petit enfant ne deviendra pas grand. 

Il est libre, Max

Samedi 13 juillet 2024 à 23:18

En juillet 2022
tu as passé autour de ton cou
le cuir de cette petite ceinture
celle serrée plus bas
juste en-dessous

J'espère qu'elle t'a hissé haut, que tu as volé bien

J'espère, parce que je ne t'ai pas vu
J'espère, mais je ne t'ai pas connu
et depuis deux étés
je ne te connaîtrai plus

Liv est grande, tu sais
Tout ce qu'elle a à vivre, elle vit
elle pleure mais rien ne plie
bon, elle tiendra
tu le savais
déjà

Mais chaque fois qu'elle se relève, quelque chose craque et quelque chose fêle

Crois-moi, elle n'est pas faible
crois-moi, elle n'est pas frêle
et des claques, elle en encaisse
mais la dernière, elle tue toujours et en te tuant toi
tu l'as mordue bien fort dedans
Max, tu avais faim
Max, tu l'as mordue très loin

Tu ne voulais pas être seul, c'est ça ?
le monde autour, c'était trop cru, c'était trop crade
tu t'y es accroché si rude, tu as tenu ferme jusqu'à bout de forces
puis fourbu
jusqu'à bout de corde

Je pense à tes bras, guerriers jamais guéris
ceux qui ne pouvaient plus étreindre et tes grands yeux sombrés
si près de s'éteindre
trop de vide alors tu t'y es suspendu, tu t'es balancé
un jouet cassé, jeté

et qui se fout en l'air

Santé, Max ! et sans toi

On y arrivera, à tenter d'être des hommes
nous, les "qui durent" et les "qui restent"
côté ciel, on te fera signe
la tête fière
cent comme un et tous pour un

Sers les bières, prépare le bar
parce qu'on arrive, promis !
on n'est jamais loin
en attendant, on va faire les vivants
protéger nos coeurs et serrer les poings
crier qui l'on est
crier qui tu étais

Remplis les verres, guette-nous des remparts
parce qu'on arrive, promis !
on te rejoint
très bientôt mais au plus tard
toi qui buvais avec nous
soûle-toi pour nous
c'est dur, ici, mais on tiendra loin

Santé, Max !
pars plus libre et pars devant
on t'aime comme ça, on t'aime "pas là"
compte sur nous
maintenant et pour mille ans

Adieu, Max
pour toutes nuits et pour toujours
sans rancune, l'ami
on ne t'en veut pas
mais on reste en bas, promis
pour toutes nos gloires, pour toutes nos gagnes
pour les coups au ventre et laissé là, pour ce grand creux
pour cette vie où tu ne vivras jamais vieux

Bonne nuit, faux frère
prends soin de ceux qui sont déjà partis
une tombe et quelques pierres
c'est la fin, ton pire est fait
une dernière fois, ferme les yeux
sois soulagé
repose-toi bien

Pars vite et reviens tard

Dimanche 7 juillet 2024 à 1:37


En ton absence, mes travers redeviennent célibataires.
Je fume et bois trop, bien sûr, parce que ma bouche est immense et qu'elle s'ennuie de tout et de toi. L'appartement se macule de ma flemme, des restes trop vite mâchés de ces jours qui glissent en huile vaine. La table basse se peuple d'affaires abandonnées, à la fois vestiges et champs de bagarre.

Ici, une sacoche à la bouche béante.
Là, un chapeau que je n'ai pas porté.
Mon temps passe dans le salon.
La cuisine déborde, je dors dans le canapé.

Heureux et esseulé, je récupère mes droits sur l'endroit.

Juillet est arrivé sans tes rires et tes cheveux de sirène sur mon oreiller moite. Dans le lit, les cauchemars précipitent mes réveils brusques, en piquètent le tissu lourd de mes nuits courtes. Tout pue l'été et Paris reste plein. Je voudrais lui serrer la ceinture autour de son ventre rond, à ma ville-mannequin, qui m'évide par petits bouts juteux, comme la chair d'un fruit frais.

La chanson dit : " Autant s'aimer.", alors je me sème chez nous, je plante un peu partout ; à mes façons sans manière, pour que tu me retrouves plus vite, que tu me restes dans le coeur et droit dans les yeux. Ton visage devient flou et flotte au large. Tu n'es pas si loin. Ton départ me laisse des trous à ne pas combler. Je pars, s'il te plaît, attends-moi. J'aime cet étrange gouffre après l'au revoir, cette absence du "nous" et ce retour au soi.

Puis, la veille arrive et tout doit revenir ce cocon gracile aux grands bras, pièces propres et vêtements envolés. Je laisse place au beau, à cette vie qui revit avec tes pas. 

Tu m'attendras ? Tu m'attendras, je reviens.

Vivement demain.

Ode, non

Mardi 21 mai 2024 à 16:41

J'écris mes propres hymnes
car qui chante les miens ?

autour, les gens braillent plus et bandent

moins

exister, attention !
mais sans s'exciter
sans pitance, ni passion ni pitié

moi qui compte, entends-tu ?
moi qui sais, moi qui saigne plus que toi
que ta mère
que ta ville
que chaque roi

regarde ce que je suis, comme tout y est lisse !
ça coule ça pisse ça sort par la bouche
ça glisse de mes bras
j'en salope ta cuisine
et entre deux plaques
ma souffrance niaise et niée, chaude comme une épice

fais-moi faible et rejoins-moi geindre
adieux aux chars, aux drakkars, aux forteresses
car quel est ce courage que tous chassent ?
pourquoi tant de battues ? pourquoi tant de vertus ?

tiens ! attrape plutôt, voici mes chaînes !
je te les prête à foison
tu verras, petit gars :
on est bien, à tremper dans sa peine
on est bien, là

en prison

moi, j'aime croupir
et des tonnes de pleurs pour que l'on m'entende, que l'on me tende alors
une main moite que je pourrais mordre et tordre
repousser très fort en avant
j'ai le plaisir du désespoir et la complainte facile
tu t'y casseras le coeur, tu t'y briseras deux dents

non ! pas la lumière !
laissez-la, laissez-moi !
je ne veux pas vivre, ne voyez-vous pas ?
gémir, c'est mieux
mourir si je peux !
et si je peux... !

à petit feu

oui, c'est cela !
cuisez-moi dans ma graisse, que ma glaise ressorte geôle
n'en restera que cendres, grises de mon souhait

tout du long ma non-rage
mais pour vous, ô damnés de la bravoure !
trop de millions de croisades
allons ! médisez donc, détestez-moi
j'ai si souvent cessé la lutte
embrassé chaque fuite
tué tous mes buts

aimons-nous bien bon, entre pantins pantois
blâmons les autres, levons haut nos mains jointes et proprement nous morfondre
car du règne, chers frères, alors quoi en faire ?
batailler comme les bien-actants ?
les finalement triomphants ?
ils n'auront rien de nous, ni mémoire ni combat
à rester pour toujours ces mêmes qui chantent, crient en choeur et en vain :"J'écris mes propres hymnes car qui chante les miens ?".

Cure éternelle

Jeudi 16 mai 2024 à 14:55

Ça va.


Ça va et c'est l'étrange.
A écrire, à vivre, à articuler, à accepter.

Ça va et je ne sais pas.
Tout comme je ne sais pas quand ça ne va pas.

Est-ce que les gens se demandent ça ? se demandent pourquoi ?
Ou suis-je seul, là encore, là toujours, à m'interroger de tout ?

Dans quelques mois, 35 ans. Toutes ces secondes mortes qui poussent fort et sans fin, vers la fin.
Ce spectre d'âge marche grand dans mes ombres, sur ce parquet blanc de soleil ou dans les recoins froids de ma tête. Un puzzle mal foutu, labyrinthe jardin ; une foire abandonnée.
J'y suis invité-prisonnier, roi et esclave, à apprendre l'art de me rassembler ; être juge non despote, horizon idéal.

Survivre, est-ce là ma fierté ? Honneur sans médaille, tant de freins pour tant de failles.

Tu le sais mieux, après tout : être toi est cher payé.

Mais tu le sais mieux, avant tout : être toi, c'est souffrir libre.


Corsica

Mardi 16 avril 2024 à 21:13

Assis sur la plage, tout de noir dedans dehors, je suis des yeux la mer et le ciel, leur ballet pâle sous mon regard lassé. J'observe les ruées et ne pense qu'aux miennes, ravageuses et pur chaos, qui me mouillent du coeur aux chevilles et me laissent navire en dérive, épave éparse.
Déjà, les poissons serpentent entre mes entrailles. De partout, des algues poussent soudain, mon bois gonfle et verdit. Peu à peu, je deviens sous-marine, caillou coulé. Et au fond de mes abysses, je m'enlise, et au plus fort de mes abîmes, je moisis.

Ca y est, c'est la fin, c'est le fond.

M'entendez-vous hurler ? Quelqu'un, quelque part dans tous recoins de ma tête ou de ce monde infâme, percevez-vous mes cris, douleur et rage ? ceux que je tais de mon mieux au flou des nuits blanches, au gré de mes monstres avides que j'avine toujours plus, toujours pleins.
Sous le soleil corse, mes cicatrices virent au clair, strient ma peau brune comme des herbes folles. Le sel et la chaleur me ramènent à des images d'enfant, à ces heures tendres et fraîches où la mort et moi n'étions qu'inconnus, jusqu'à ce qu'elle me prenne en affection, me voit amant et se blottisse sous mes rames, dans mes reins.
Je les porte en moi, elle et ses poisons lourds, une amie létale, latente. Je m'épuise dans ce rôle dur qui pèse sur mes os et brise mes côtes. Mais tout tombeau que je suis, je ne serai pas Rome : je me noircis et m'enfume mais ce brasier ne me fera pas cendre en un jour, pas cendre un jour. Qu'il me dévore à son gré, j'érigerai sur mes ruines, entre feu et fange. Me croire fort ne suffira pas mais cela suffira.

Il nous faut du temps, chère armée ; celui de combattre et de bâtir, puis de reconquérir. Se tuer à la tâche, attendre les jours et tenter de vivre, pieds au sol et armures en main, jusqu'à la délivrance de l'ultime vague.

[ __août 2021__ ]

MAX-VIL

Mardi 16 avril 2024 à 2:18


Liv me dit :"Max est au ciel et le ciel est partout."
Elle porte son tee-shirt des Stones, vus en concert la veille, entre douleur, paternel et "White Horses".

On a bu quelques verres, puis le bar a fermé.
Oui, désolés mais voilà, c'est dimanche, vous comprenez.

Je paye l'addition, Liv tente de survivre.

En attendant la drogue, on s'assoit sur le trottoir d'en face, dans le creux d'une impasse. Au-dessus de nos têtes, les immeubles grands, habités, éclairés.

Liv parle pleure, trop pour couper.
Je prépare ses traces sur mon téléphone et elle les prends toutes, sans discuter.
Autour de nous, Paris fait sa nuit et celle-ci ressemble à toutes les autres.

Il y a dix jours, Max s'est pendu entre deux couchers de soleil. Il est mort seul, comme tous les morts, et il souffrait seul, comme tous les vivants.
Dans le tas de nous tous, il y a ceux qui partent et ceux qui restent.
Ce soir-là, Liv a hésité à partir, elle aussi. Et moi, quelque part entre les deux, à lui prêter mon temps et mon oreille, 
à récolter ses pleurs et ses secrets, nos nez dans la blanche et le bas de nos corps sur le bitume, je me sentais comme ces grottes où l'on hurle ou ces arbres qu'on enlace.

"Je te le dis à toi, Mave, et à toi seule, parce que je sais que tu vas comprendre. Je sais que tu peux écouter, je sais que tu n'auras pas peur. Les autres, je les aime, évidement que je les aime, très fort, mais ils ont peur. Et moi, j'ai besoin de parler de ça, j'ai besoin de dire que je ne sais plus ce que je fais là, que je lui en veux, à Max, et que j'ai envie de le rejoindre. Je ne vais pas le faire ! Enfin, je ne crois pas mais j'en envie. Tellement envie et c'est injuste."

Elle me raconte tout ou presque.
Elle me raconte beaucoup.
Je réponds.
Puis je ne réponds pas.

La drogue et ses mots cadencent les heures, nous ont conduit au jour prochain, à tous les jours qui nous attendent encore et qu'il faudra apprendre à aimer un peu, le temps d'en voir quelques-uns de plus.
Si peu de jours...

Alors on s'est enfermées là, dans l'été et notre ville, dans la douleur de Liv et le départ de Max, dans nos peaux froides moins que la sienne, glacée et bientôt sous terre.
On s'est lovées dans nos poisons puérils, nos fatigues trop grandes, nos souffrances éternelles dont les adultes béats bêtas disent toujours :"Ca va aller, ça passera, tu verras.".

Et qui ne passent pas.

On s'est réfugiées comme ça, le chagrin de Liv contre mes bras de géant fragile. Plus d'une fois, ses larmes ont appelé mes doigts, transformés en bateaux de fortune sur tempête triste.
Je regarde sa main, sans cesse prête à saisir la mienne, ancre forte ou trop légère ; mais bien là pour elle, pour ses épaules écrasées, pour tous ces poids proches de plier.

Quand tout est devenu bleu sur Bastille, lundi avait déjà commencé. On aurait pu rester ainsi, oublier tous les "on doit" et le bel avenir dont les gens parlent, continuer à frotter nos blessures et fuir les combats, perdus trop peu gagnés.

Mais Liv m'a dit en essuyant son nez :"C'est bon. C'est bon maintenant, vraiment, on peut rentrer.". Alors on est rentrées, le dos cassé et le cul devenu plat, retrouver ce monde grouillant autour et qu'on devait affronter.
On s'est séparées sans effusion, un peu noyées, chacun son taxi et rentre bien, appelle-moi, on se revoit vite, je t'aime, ouais, je t'aime moi aussi. Le retour sur fond de jazz, un message au boulot, prévenir qu'on bossera du canapé et que c'est comme ça.

Dormir une heure, même si la tête ne veut pas, relancer le fade du quotidien et tout ce qu'on y traîne. Mélodie des rouages, plus machines au fond que nous-mêmes.

Maxime s'est tué en juillet.
Nous, jusqu'à ce que
on reste là.


[Dimanche 24 juillet 2022]

Sick Spring

Mercredi 10 avril 2024 à 19:28

Et je reste là.
Avec mes clopes, mes médocs, mes verres et mes diagnos.
tic
... tac ?

Tout ça fait boom ! trash et dru, me rend plein d'eau, me prend plein de vie.

Les amis se font rares et geignards, m'assaillent de problèmes débiles-bénins que j'écoute sans compassion ni passion. Leur monde peut bien se faire braiser et eux mal se lamenter. Avant les gens, MON déluge et qu'ils s'envolent vite, vers quoi ? je ne sais pas mais pas vers moi.
Peu m'importe, peu me portent et bon-vent-cassez-vous-merci à tous ceux qui sortent.
Priez pour que je vous repousse parce que je ne partirai pas.

Sous le soleil de ce putain de printemps, les autres se pressent et éclosent. Sauvages virus à pied et deux mains, amas de peaux grasses qui se répandent ; ça sue et gesticule.

Je me tiens au loin, je me tiens debout et tout me tire vers l'avant.
Je me retrouve alors, soulagé tout entier malgré mon corps qui enfle, fend et se flingue. Il lâche en solitaire et je voudrais lui lâcher les chiens.
Mais je laisse faire : aucun droit sur ses droits alors qu'il tombe, tombe, tombe !

Six pieds en l'air.
Pas besoin de creuser.

Je l'ai bousillé assez, je sais. Mais j'étais en haut, tu sais ? je réparais les trous et ma tête. Qui ne tient qu'à un fil et n'en fait qu'à la sienne.

On est durs bosseurs, au fond ; ouvriers brusques qui besognent chacun à ne pas craquer et on vise les failles, voyez-vous ? pour les défissurer.
On y arrivera, on est si proches, si prêts, soudain, de ne plus penser à la fin.

Enfin !

N'abandonnez pas, ni maintenant ni jamais.
Vous êtes à moi, vous le savez et je vous bien ai en main.

Comprenez, résistez ! qu'on n'ait pas vécu jusque-là pour les chiants, qu'on n'ait pas vécu jusque-là pour crever là, qu'on n'ait pas vécu jusque-là pour rien, qu'on n'ait pas survécu jusque-là pour ne pas voir demain.


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