Embrasser le chaos.
Dans cette existence pas si rangée, je m’acharne à bousculer l'établi. J’ai toujours été pour moi bon despote, capitaine et armée, prêt pour chaque bataille, vaillant, paré.
Dès mes 10 ans, adieu, plaintes et trêves.
Je ne vous aurais jamais aimées.
Et pourtant, comme je m’acharne à renverser mes codes, désobéir à mes ordres, ceux qui me dictent de rester moi quand je voudrais être mieux.
Je me contemple ainsi, dans ma toute gloire, l’œil aguerri : quoi combattre encore ?
Je ne vaincrai pas le monde mais j’y bâtis le mien.
Il me faut changer, toujours, mourir et repartir, avancer ferme et tenir bon. Parce qu’il n’y a que ça qui marche, il n’y a que ça qui crache, dans nos poumons et nos jours vains.
Le temps n’attend personne et je l’utilise à bon escient, à pleines mains.
Quand je me regarde, j’aime ce que je croise, j’aime ce que je toise. Qu’il en soit ainsi, je suis né pour. J’ai subi tant, avec vous ; j’ai subi trop, je subirai de nouveau. Peu importe les traces, j’aime les cicatrices, larges sur ma peau.
Apprendre, aussi, à baisser les armes, cogner moins dur, lâcher des larmes. Depuis trop longtemps dans la bouche, ce goût de guerre, cette soif sanguine. Se souvenir, soudain, de l’humain sous l’armure : soldat émérite, tu n’es pas qu’incendie. Admire donc ce que tu es et sur le point de devenir.
Vivre ! et le crier.
Le voilà, ô cher toi, ton empire.